Au bord de nos rivières
Au sud, spectaculaires gorges provençales
On compare souvent les gorges du Verdon au Grand Canyon du Colorado. C’est certes chauvin et flatteur, mais la première impression laisse tout de même bouche bée. De nombreux belvédères s’offrent aux automobilistes, que l’on emprunte l’impressionnante route des Crêtes au nord ou celle de la corniche Sublime sur la rive gauche, au sud. Alors qu’aigles, vautours et faucons tournoient dans les cieux, serpente 700 mètres plus bas un fin ruban liquide, encadré de puissantes falaises.
Il faut perdre un peu d’altitude et se rapprocher de la rivière pour bien percevoir ses couleurs minérales, entre turquoise, émeraude et aigue-marine. La dominante verte des eaux – à laquelle le Verdon doit son nom – viendrait du taux élevé de micro-algues et de fluor. On en apprécie d’autant mieux les nuances et la fougue depuis un canoë-kayak ou sur les sentiers, tel le fameux Blanc-Martel qui longent la rive. Méfiance quant au niveau de difficulté, plusieurs passages escarpés nécessitent d’être aguerri, à moins d’être un bouquetin.
Les plaisanciers et les baigneurs préfèrent les lacs artificiels de Castillon et de Sainte-Croix, en amont et en aval. Porte d’entrée des gorges, Castellane est un charmant village dominé par son roc avec sa chapelle, perchée à 184 mètres. on y goûte une ambiance provençale, un peu ternie par la foule en plein été, avec place à arcade, fontaine, campanile et vieilles pierres. Au milieu des gorges, la Palud-sur-Verdon consacre un écomusée à leur histoire et à leur nécessaire préservation.
Le solide château qui l’abrite mérite un coup d’œil avant de gagner Moustiers-Sainte-Marie, aussi fameuse pour sa faïence décorée d’oiseaux et de végétaux que pittoresque, avec sa rivière qui dévale en cascade parmi les maisons anciennes. La basse vallée du Verdon, moins saisissante, réserve encore de belles surprises : Quinson et son musée de Préhistoire, Esparron-de-Verdon au-dessus de son lac et la cité thermale de Gréoux-les-Bains.
À l’est, dans la patrie du maître franc-comtois, Gustave Courbet
Pendant longtemps, la source de la Loue a posé un problème. Elle jaillissait vers Ouhans, d’une caverne nichée au pied d’une haute falaise, mais impossible de savoir ce qui constituait ces flots impétueux. Il a fallu que l’usine Pernod de Pontarlier brûle en 1901 et que des colorants et de l’absinthe se déversent dans le Doubs pour que l’on comprenne, deux jours plus tard, que la Loue n’en était qu’une résurgence. Disparu en 1877, Gustave Courbet, l’enfant prodigue du pays, n’en sut jamais rien. Cela ne l’empêcha nullement de peindre quatorze fois la célèbre source et son hémicycle rocheux.
À l’époque, deux moulins avec forge et scierie occupaient le site. Comme de nombreux autres tout au long de la rivière, ils tiraient profit d’une inépuisable énergie motrice. Ces imposantes constructions ont aujourd’hui disparue, pour le plus grand bonheur des randonneurs et des amateurs de nature sauvage. Sur le cours de la Loue, les parcours sont innombrables, traversant gorges hantées par la vouivre – un légendaire serpent ailé – , falaises, escarpements et sous-bois.
Courbet arpenta les lieux des années durant, comme en témoignent les panneaux confrontant l’œuvre et le site représenté tout au long de ses « sentiers ». pêcheurs à la mouche et kayakistes ouvrent la voie d’une vallée encaissée avec les lignes de falaises pour horizon. Les beaux villages se succèdent, suspendant tels des équilibristes, leurs maisons à la paroi. Mouthier-Haute-Pierre fait figure de passage obligé, tant pour le kirsch qui en a fait sa capitale que pour son label « plus beaux villages de France ».
À Cléron, plus en aval, c’est vers le photogénique château médiéval que tous les regards se braquent. Mais les viticoles Lods et Vuillafans ne leur cèdent en rien. Ornans non plus. Le bourg constitue un bel écrin pour une Loue assagie dont on scrute les reflets depuis le grand pont, parmi les canards et les façades en encorbellement. À moins de préférer l’observation depuis la galerie vitrée d’un musée Courbet aussi moderne que passionnant.
Au centre, vin et châsse auvergnats
La Sioule a plus d’un atout dans son cours, à commencer par Saint-Pourçain, premier vignoble auvergnat classé en AOC en 2009. Une juste reconnaissance puisque son vin était déjà servi à la table de saint Louis. Située près de l’embouchure de la Sioule dans l’Allier, cette petite ville de caractère a pour principal employeur le maroquinier Vuitton. Après avoir fait provision de rouge léger ou de blanc fruité, commence la remontée de la rivière.
Jenzat, fief luthier spécialisé dans la vielle à roue, précède Ebreuil. L’église romane Saint-Léger a conservé son clocher-porte, des fresques et une châsse recouverte de cuivre argenté. C’est non loin que s’ouvrent les gorges de la Sioule, entre fougères et granit. Le château de Chouvigny, fort remanié, en marque le seuil et offre une belle vue sur les versants boisés et le roc Armand. Les sites pittoresques se succèdent avec le vieux pont de Menat, la station thermale de Châteauneuf-les-Bains ouy le méandre de Queille à la courbe quasi parfaite.
À l’ouest, un trait d’union breton
Petit fleuve du Finistère, l’Odet prend de l’ampleur à l’approche e l’Océan. Il ne parcourt guère qu’une soixantaine de kilomètres, dont quarante en amont de Quimper, mais il revendique le titre de « plus belle rivière de France ». L’Erdre, en Loire-Atlantique, le lui conteste avec la légitimité d’avoir été désignée ainsi par François Ier…
Avant d’atteindre la préfecture finistérienne, l’Odet n’est qu’un mince cours d’eau qui file à travers les sous-bois, parfois dans des zones de gorges comme le Stangala. L’ambiance u est aussi bucolique que tranquille, à peine troublée par les pêcheurs et les kayakistes. C’est une fois passé Quimper, pour ses seize derniers kilomètres, que la rivière subit l’influence des marées, formant des baies prisées des plaisanciers et des riverains fortunés.
Des croisières commentent cette « route des châteaux », montrant les plaisantes façades de gentilhommières ou de manoirs néogothiques émergeant des chênes et des rhododendrons. Tout au long, les voiliers d’abritent dans les criques, sous l’œil des hérons et des aigrettes. Après le passage resserré et encaissé des Vire-Court, s’ouvre l’estuaire, veillé par le port de Sainte-Marine et la station familiale de Bénobet.
Au nord, phoques et saumons picards
En quelques années, les phoques de la baie d’Authie sont devenus des stars. Ils se prélassent par dizaines sur les bancs de sable, non loin de fort-Mahon-Plage. Il ne faut pas négliger pour autant la vallée de ce petit fleuve côtier prisé des saumons.
Les zones bocagères alternent entre les prairies et les marécages tandis qu’un riche patrimoine pointe çà et là. Ne manquez pas le ravissant moulin de Maintenay avec sa roue à aubes, la petite ville d’Auxi-le-Château et l’abbaye de Valloires, pour son église baroque et ses jardins thématiques.